- flâner
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• 1807; du v. région. flanner 1638; a. scand. flana « courir çà et là »1 ♦ Se promener sans hâte, au hasard, en s'abandonnant à l'impression et au spectacle du moment. ⇒ baguenauder, se balader, musarder. « J'ai flâné dans les rues; J'ai marché devant moi, libre, bayant aux grues » (Musset).2 ♦ S'attarder, se complaire dans une douce inaction. ⇒fam. flemmarder, traînasser. Faire qqch. sans flâner. ⇒ lanterner , traîner.⊗ CONTR. Hâter (se). Travailler.Synonymes :- badauder (littéraire)- déambuler- errer- se baguenauder (familier)- se balader (familier)Paresser, perdre son tempsSynonymes :- lambiner- musarder- muser (littéraire)- traînerContraires :flânerv. intr. Se promener sans but. Flâner dans les rues. Syn. (Réunion) amuser.— Par ext. Perdre du temps par indolence. Travaillez, au lieu de flâner!⇒FLÂNER, verbe intrans.A.— Avancer lentement et sans direction précise.1. Cour. [Le suj. désigne une pers. ou un animal] Se promener au hasard et sans hâte. Sans muser, sans flâner, sans se distraire aux choses De la route (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 298). Errer est humain. Flâner est parisien (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 780) :• 1. Il ne se pressait pas d'arriver, flânant devant les boutiques, s'arrêtant dans la rue pour caresser un chien, qui flânait comme lui, étendu sur le flanc et bâillant au soleil.ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 494.2. Au fig.a) [Le suj. désigne une pers. ou une manifestation du comportement] Laisser flâner son regard, son esprit, son imagination. Les laisser errer, divaguer. Ainsi flânant parmi ses souvenirs, il examinait les écritures et le style des lettres (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 42). Afin que son œil ne flânât point, malgré lui, sur les bibelots accrochés aux murs (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 108).b) [Le suj. désigne une chose]— [Avec un mouvement] Dans le vent du soir qui flâne, qui flâne (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 218). De nos maigres chemins qui s'en vont dans les pierres Et qui flânent le long des roseaux des rivières (PÉGUY, Ève, 1913, p. 848).— [Sans mouvement, iron.] Poiret avait (...) un nez camard et une bouche rentrée où flânaient quelques dents gâtées (BALZAC, Employés, 1837, p. 112).B.— Perdre son temps; se complaire dans l'inaction, dans le farniente. Barois, levé tard, achève en flânant sa toilette (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 470). Elle sourit de la surprise qu'elle prépare, et flâne un peu (SAINT EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 352) :• 2. Christophe devait se lever de bonne heure pour reprendre le train même qui l'avait amené. Aussi ne flâna-t-il point en se déshabillant.ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 579.REM. 1. Flânocher, verbe intrans. Synon. de flâner. L'après-midi entière, il flânochait dans le quartier (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 516). Sur la route, ou couchés le long du talus, des cavaliers flânochaient (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 181). 2. Flânochage, subst. masc. Action de flânocher. Donc, je trafiquais, travail et flânochage mêlés (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 248). 3. Flânocherie, subst. fém. Synon. de flânochage [Chez E. et J. de Goncourt] Pas une minute de « flânocherie » (Journal, 1891, p. 6). 4. Flânot(t)er, (Flânoter, Flânotter)verbe intrans. Synon. dimin. de flâner. Le peintre exécrait le Palais-Royal et les grands boulevards, à cause d'elle surtout qui flânotait devant les étalages des joailliers (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 217).Prononc. et Orth. :[flane], [
-], (je) flâne [fla:n]. Demi-longueur de la voyelle radicale ds PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930. Enq. : lan, (D)/ (il) flâne. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1638 en norm. flanner « paresser, perdre son temps » (D. FERRAND, La Muse normande, éd. A. Héron, t. 2, p. 177), attest. isolée; de nouv. 1835 (BALZAC, Corresp., p. 709); 2. 1808 « se promener sans hâte, au hasard » (HAUTEL). Mot d'orig. dialectale, entré en fr. au XIXe s.; de l'a. nord. flana « marcher, se précipiter étourdiment » (DE VRIES Anord.), cf. encore le norv. flana « se promener » (FALK-TORP, s.v. flane). Fréq. abs. littér. : 431. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 277, b) 823; XXe s. : a) 1 033, b) 430. Bbg. DAUZAT (A.). Flâner, mot du 19e s. Vie Lang. 1953, t. 2, pp. 458-459. — QUEM. DDL t. 5 (s.v. flanotter) — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 313-314. — SPITZER (L.). Flaunt-flâner. Mod. Lang. Notes. 1944, t. 59, pp. 230-233. — THIELE (J.). Zu Problemen und Methoden der romanistischen Wortbildungsforschung. Beitr. rom. Philol. 1975, t. 14, p. 159.
flâner [flɑne] v. intr.ÉTYM. 1808; du v. dial. flanner (Normandie, 1638), de l'anc. scandinave flana « courir çà et là ».❖1 Se promener sans hâte, en s'abandonnant à l'impression et au spectacle du moment. ⇒ Badauder, baguenauder, balader (se), errer, muser, musarder; → Provende (cit. 1). || Flâner sur les boulevards. ⇒ Boulevarder (vx). || Flâner sur les quais de la Seine, sur la Promenade des Anglais. || Flâner au lieu d'entrer en classe. ⇒ Buissonnière (faire l'école).1 (…) J'ai flâné dans les rues;J'ai marché devant moi, libre, bayant aux grues (…)A. de Musset, Poésies nouvelles, « Dupont et Durand ».2 On ferait une partie de quilles, on flânerait un instant avec les camarades, puis on rentrerait dîner.Zola, Germinal, t. I, p. 1313 (…) j'allais presque chaque soir à la Comédie-Française, connu de tous, flânant à mon gré partout, dans les couloirs, au foyer, sur la scène, du trou du souffleur jusqu'aux loges des actrices.Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XLI, p. 222.2 S'attarder, se complaire dans une douce inaction, une nonchalante lenteur. || Flâner dans sa chambre. ⇒ Paresser, flemmarder (→ Entremêler, cit. 2). || Faire quelque chose sans flâner. ⇒ Baguenauder, lanterner, traîner (→ Besogne, cit. 8).4 (…) des femmes en peignoirs clairs et les cheveux mal retenus d'une épingle ou deux, qui flânent à leur fenêtre (…)Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, IV, p. 28.❖CONTR. Courir, hâter (se). — Travailler.DÉR. Flâne, flânerie, flâneur, flânocher ou flânoter.
Encyclopédie Universelle. 2012.